RIDM 2018 – Mes découvertes – la forme en matière de documentaire

DOCUMENTAIRES – DES HISTOIRES INVENTÉES et L’EMPIRE DE LA PERFECTION 

Dans le cadre des RIDM 2018, j’ai eu la chance de découvrir le documentaire « Des histoires inventées », portant sur le cinéaste André Forcier. Réalisé par Jean-Marc E. Roy, un réalisateur talentueux qui travaille autant en fiction qu’en documentaire, c’est la façon dont il s’y prend pour nous faire découvrir cette légende du cinéma québécois qui m’a poussé à écrire ce billet. Raconter une histoire en documentaire, finalement, ça prend la forme qui fonctionne avec le sujet d’un film et la créativité du documentariste.

Pour ce projet, Jean-Marc E. Roy a choisi un dispositif très ingénieux. Il fait participer les personnages de films de fiction d’André Forcier, dans des scènes choisies des films du cinéaste et tournées récemment sur les lieux de tournage de ces mêmes films. Et André Forcier est lui-même un figurant qui observe ce qui se passe. Ce sont ces extraits de films, la narration, et la voix d’André Forcier tirée des entrevues réalisées par Jean-Marc E. Roy qui constituent le fil conducteur du documentaire. Il fallait y penser. Ce documentaire m’a énormément inspiré, car le résultat est fantastique, maîtrisé et fluide. On sort de ce film avec le goût de voir ou revoir les films d’André Forcier et de connaître davantage l’univers de Jean-Marc E. Roy. Vous pouvez d’ailleurs visionner un de ses films, Bleu Tonnerre, sur Tou.tv. Surveillez la sortie du documentaire « Des histoires inventées » pour vous assurer de passer un bon moment de cinéma!

Sur le même sujet, je veux vous parler également d’un autre documentaire atypique qui m’a marqué aux RIDM 2018 : L’empire de la perfection, sur la légende du tennis américain John McEnroe. Là encore, le documentariste français Julien Faraut, nous offre un film qui sort du cadre des documentaires traditionnels en nous présentant l’histoire de ce géant du tennis mondial, uniquement à partir d’images tournées à Rolland Garros par Gil de Kermadec, ancien directeur technique national du tennis français et à partir de celles d’un documentaire tourné en 2012 sur cet instructeur passionné. Chapeau. Cela me rappelle la démarche de Luc Bourdon, dans ses films La part du diable et La mémoire des anges, un cinéaste incroyable qui maîtrise parfaitement les codes de cet art qui consiste à raconter des histoires à partir d’images d’archives. Le réalisateur Julien Farault, nous entraîne pendant 1h30 à la découverte de côtés méconnus de ce joueur légendaire et de son art de pratiquer le tennis. Il fait même des parallèles entre le cinéma et le jeu de ce sportif inclassable. On sort des sentiers battus! Le réalisateur a passé un nombre incalculable d’heures à visionner les bobines d’images de tournage, à faire des choix, à les ordonner, pour en ressortir avec une histoire intéressante, même pour des personnes non initiées au tennis. Il nous entraîne dans sa passion. Le montage image serré, le montage sonore indissociable de la narration et les images d’un match marquant du tennis mondial complètent l’expérience. Tout ceci pour vous dire que si la forme du genre documentaire et le tennis vous intéressent, courrez voir ce film. Il est présenté au Cinéma Moderne à Montréal les 25 novembre et 2 décembre 2018.

Marie-France Laval