Vous vous intéressez à l’innovation en vidéo, au documentaire et à l’art visuel, alors, si vous le pouvez, courrez voir l’œuvre de Patrick Bossé à la SAT à Montréal : Territoires des Amériques, un documentaire immersif sur l’oeuvre de l’artiste multidisciplinaire René Derouin. Dans tous les cas , lisez l’article pour en savoir plus sur la démarche!
Patrick Bossé est le scénariste et réalisateur de cette œuvre d’art cinématographique. J’avoue que je ne connaissais pas ce créateur et je suis très contente d’avoir été invitée par une amie ce soir-là.
J’avais visité une exposition des œuvres de René Derouin à Val David il y a quelques années. Son travail m’avait interpellé et séduit. Mais, je ne connaissais pas vraiment cet artiste. Dès les premières minutes du film, confortablement installée sur un « bean bag », la tête rivée vers le dôme devant et autour de moi, je me suis laissée happer par l’histoire qui se racontait devant mes yeux. Regarder un documentaire est une activité divertissante et informative. Ici, les deux médiums, le documentaire et l’expérience immersive artistique, se mêlent de manière très réussie.
Patrick Bossé a utilisé plusieurs procédés pour nous amener à découvrir la vie et l’œuvre de cet artiste hors du commun : des entrevues réalisées dans l’atelier de René Derouin, des plans vidéo de paysages et de lieux qui font partie de la vie de l’artiste et des œuvres animées, créées à partir de découpages des œuvres de René Derouin pour nous les faire revivre déstructurées, le tout en 360 degrés sous le dôme de la SAT.
Au niveau de la musique et du son, il y a également un travail incroyable qui nous transporte. L’ensemble se transforme en une œuvre réussie grâce au talent du réalisateur et de son équipe.
René Derouin se confie candidement et sans détour. Nous comprenons davantage son travail à travers son parcours de créateur. L’objectif est atteint.
Avec son film immersif documentaire, Patrick Bossé crée une œuvre contemporaine. En visionnant le documentaire sur sa démarche présenté par la Fabrique Culturelle, je comprends qu’il s’agit d’une œuvre de longue haleine qui lui a demandé sept ans de travail, la lecture de plus de 15 livres de René Derouin et le visionnement de milliers de photos d’oeuvres de cet artiste prolifique inspiré par la quête identitaire et le territoire américain, du Mexique au Canada.
Ces deux artistes nous font plonger autrement dans l’Histoire des Amériques qui est bien plus riche que nous l’ont fait croire les colonisateurs, et ceci, à travers le prisme déformant des histoires plus ou moins vraies qui nous ont été racontées jusqu’ici, de génération en génération.
Je me rends compte à quel point il existe vraiment plusieurs histoires autour de notre passé et non pas l’Histoire. Je viens de terminer un projet documentaire qui m’a plongé pendant plusieurs mois dans l’histoire du Canada. Je trouve ça fascinant ce qu’on nous fait croire par rapport à ce qui est arrivé réellement. La websérie documentaire It’s been a while revisite aussi en partie la façon dont l’histoire nous est racontée – un projet développé pour les Musées Historiques de la ville de Toronto. Je vous en reparlerai prochainement.
Bref, je ne suis pas critique de cinéma, mais je vous invite à aller voir ce documentaire à la SAT. Quant à moi, c’est sûr que cette œuvre m’inspirera, consciemment ou non, dans mes projets.
Marie-France Laval
À propos de Patrick Bossé : Montréalais d’origine, Patrick Bossé naît sous le feu des raffineries de pétrole dans le quartier Pointe-aux-Trembles. Il développe son goût pour le cinéma à l’adolescence, muni d’un caméscope rudimentaire. Depuis une quinzaine d’années, il œuvre comme scénariste et réalisateur. Il affectionne surtout le genre documentaire avec une touche d’expérimentation. Il s’implique aussi comme concepteur dans une variété de projets alliant mise en récit, immersion et interactivité. www.patrickbosse.com
pos de René Derouin : Depuis plus de cinquante ans, cet artiste multidisciplinaire québécois poursuit son œuvre unique où les notions d’identité et de territoire s’inscrivent dans une perspective globale des Amériques. Ses nombreux voyages et séjours à l’étranger ont été des sources d’inspiration essentielles dans le développement de cette vision singulière, orientée sur l’axe nord-sud. Dès les années 50, Derouin se penche sur les cultures précolombiennes et se familiarise avec l’art mural mexicain en étudiant à la Escuela de Pintura y Escultura Esmeralda de Mexico. Deux décennies plus tard, la visite du Grand Nord québécois l’amènera à explorer davantage le concept de la nordicité. http://www.renederouin.com